LE THILLOT
Journées du Patrimoine : une mise en bouche parfaite
En guise d’introduction aux journées du Patrimoine, dont
Sébastien George rappelait la richesse en début de séance, Francis Pierre a
développé les deux grandes nouveautés concernant le site minier local « Tous
les ans on découvre quelque chose, des pièces d’un puzzle qui permet de comprendre davantage cette période d’exploitation
des mines » confiait-il avant de se lancer dans une démonstration aussi
limpide que logique concernant le premier sujet de la soirée : « Et
si les mineurs avaient fait parler la poudre en 1616 ? ». Tout
commence par la découverte d’une double ligne de comptabilité de l’année 1616
précisant sur la première quelques 14200 pointes et environ 600 pointes (encore !)
sur la seconde. Le chercheur ne manquait pas de se poser la question : « Ces
600 pointes ne seraient-elles pas ce que les mineurs appelleront par la suite
les fleurets permettant de creuser la roche avant d’y enfouir la poudre noire
pour faire exploser la paroi ? Sauf qu’il n’y aucune trace d’achat de
poudre noire cette année-là… Le scientifique ne se laisse pas démonter : « Depuis
les échauffourées entre mineurs du Thillot et leurs collègues de Château-Lambert
dépendants du royaume d’Espagne, on sait que le site a perçu des arquebuses et
donc la poudre qui va avec ». Pour le
directeur des fouilles, l’émergence de la technique est le fait de l’association
entre un petit malin souhaitant aller plus loin dans ses expériences pour faire
exploser la roche et un forgeron qui a mis au point ce nouvel outil qui
apparait encore en 1616 sous le nom de pointe. Des galeries portent les traces
de ces tâtonnements dans la recherche d’une méthode fiable et efficace.
50 tonnes de pierres dégagées
En seconde partie, Francis Pierre s’attaquait à la
découverte d’une maison de « houtmann » un chef minier. « Nous
avions repéré sur le haut du site un tas de pierre qui était un socle
permettant de renvoyer le mouvement de la roue hydraulique vers le puits pour y
pomper l’eau » expliquait-il « Ce statif présentait cependant un
environnement immédiat assez peu commun ». La curiosité l’emportant, l’équipe
se met à dégager des pierres et encore des pierres : au total quelques 50
tonnes qui cachaient les restes d’une habitation. Dans laquelle ont été
retrouvés des objets en bronze ou de la vaisselle en terre cuite décorée, que
Dominique Heckenbenner « la gratteuse
principale » a présenté dans le détail. Les indices s’accumulant, l’archéologue
parvenait à la conclusion que cette maison était celle d’un personnage au
statut social élevé dans la hiérarchie du site. Au cours de l’exploitation ce
personnage voyait sa maison abandonnée pour être reconstruite plus bas, du côté
de l’endroit où se trouvait la grande roue hydraulique de 10 mètres de
diamètre, pièce maîtresse du système permettant de pomper l’eau dans les
galeries du site sur lequel le scientifique estime qu’une cinquantaine de
mineurs étaient à l’œuvre qui, avec les corps de métiers associés : forgeron,
menuisier, charpentier, charbonnier, bûcheron et leurs familles devaient
représenter environ un millier de personnes sur toute la haute vallée.
Suite des journées du patrimoine