Ce dernier samedi, Manu et Karine
étaient à Nancy pour rejoindre la manifestation régionale des
Gilets Jaunes. Morceaux choisis.
Après avoir
rejoint le rassemblement dans le centre-ville, Karine, Manu et
Jean-Claude se sont placés dans le cortège, en tête duquel se
trouvait un cordon de CRS, suivi par des gilets jaunes portant des
banderoles. « C’est pas facile à compter, mais nous devions
être entre 2500 et 3000 » confie Manu, estimation confirmée
par Karine « Au terme d’un regroupement place Stanislas,
certains manifestants ont voulu se rendre à la préfecture. C’est
là que les CRS ont commencé à tirer. Ca pétaradait de partout
avec une intensité incroyable ! ». « Calme au
début, ensuite c’était Bagdad ! » ajoute Karine. Une
partie du groupe a voulu contourner l’obstacle et prendre un autre
chemin pour se rendre à la préfecture : bloquée aussi par les
CRS qui n’ont pas été avares de gaz lacrymogène. La
confrontation a ainsi duré quelques 45 mn avant de se calmer.
« Jean-Claude nous alors dit qu’il avait la dalle »
reprend Manu « Nous sommes entrés dans un kebab. Pendant que
nous mangions, des personnes sont venues se réfugier sur place, les
tirs ayant repris. Les gaz sont entrés dans l’établissement et
nous avons dû mettre nos lunettes pour protéger nos yeux et
terminer notre repas ». Et c’est en sortant que les
Gilets Jaunes thillotins ont eu à en découdre avec les CRS. « Nous
cherchions tranquillement notre chemin pour repartir, quand nous
sommes tombés sur des CRS qui avaient visiblement envie de se
défouler » raconte Karine « L’un d’eux m’a
empoigné par mon gilet jaune en me disant d’une façon très
agressive de l’enlever. J’ai cherché à discuter. C’est là
que je me suis sentie décoller de terre sur plus d’un mètre ! ».
Manu, qui avait promis au mari de Karine de la « ramener
entière » intervient alors. Le CRS l’empoigne lui aussi par
son gilet jaune pour lui réserver le même sort, sauf que là ça ne
marche pas ! « J’ai ressorti mes vieux réflexes acquis
durant ma formation en lui bloquant son pétard et l’empoignant
sous son plastron. Mais il m’a aspergé de gaz lacrymogène qu’il
avait dans son autre main avant de partir ». Sous les insultes
de Manu ! « Si Manu n’avait pas été là, je ne
sais pas comment les choses se seraient passées » confesse
Karine avant de commenter « C’est ma première grosse manif.
J’avais envie de vivre ça pour changer de notre quotidien au bord
de la RN66 au Thillot. C’est impressionnant, flippant même !
Et dans le brouillard de gaz lacrymogène, le plus étonnant, c’est
que les boutiques étaient ouvertes et les gens faisaient leurs
courses comme si de rien n’était » et de conclure en se
marrant « S’il n’y avait pas eu cet épisode, on se serait
ennuyé ! ». Par contre, Manu, de retour à son
domicile, a senti les brûlures sur sa peau durant deux jours, malgré
les douches à répétition. Lui aussi se marre en confessant « J’ai
mis mes fringues imprégnées de gaz dans un sac étanche en
attendant que je les lave à la main : ma femme ne veut pas le
faire ! ».