Même s’il
fallait s’y attendre un peu, la réunion entre élus et Gilets
Jaunes a permis de se rendre compte que les deux parties sont
victimes d’un système d’Etat. A des niveaux et avec des
conséquences très différents bien évidemment, mais relevant d’une
même logique de remise en question des ressources, constituant des
pratiques destructrices du pouvoir d’achat de nombreuses personnes
d’un côté, dont certaines se retrouvent aujourd’hui dans des
situations dramatiques. De l’autre côté, des communes ont à
faire face à de nouvelles règles souvent mal définies (notamment
la très décriée loi NOTRe qui agasse quotidiennement les élus
municipaux des communes rurales) et des réductions d’aides aux
investissements comme ces crédits de l’Agence de l’Eau qui
n’arriveront plus après que l’Etat ait opéré une véritable
rafle dans les caisses de cet organisme… Précisons encore que
la législation oblige (fort heureusement) les communes à présenter
des budgets en équilibre. Une obligation qui ne concerne pas l’Etat
qui « se vautre » dans le déficit et donc la dette et
les intérêts qui vont avec, sans chercher à aller chercher des
ressources précieuses qui donneraient une sacrée bouffée d’oxygène
aux finances publiques. Le tout sans se priver d’engager des
dépenses somptuaires comme le remplacement de la vaisselle de
l’Elysée ainsi que la réfection de la salle des fêtes du palais
présidentiel qui ont « coûté un max » ! Tout
simplement indécent ! Il est d’ailleurs consternant de
constater que l’Etat impose aux autres ce qu’il ne s’impose pas
à lui-même… Par exemple, les conseils municipaux ne peuvent se
tenir qu’à partir du moment où un quorum est atteint. Pendant ce
temps, des lois dont, certaines sont scélérates, sont votées en
beau milieu de nuit par une dizaine de députés… Des
réglementations qui, de plus en plus nombreuses, sont prises à un
niveau supranational et qui éloignent encore davantage les
responsables du terrain où se débattent les « petites
gens ». La méfiance, voire la défiance, était bien
présente lors de la réunion de samedi en fin d’après-midi. Il
n’épargne aucun élu, mis à part ceux comme les maires ou les
députés « Qui ne passent pas leur vie dans leurs bureaux
parisiens » comme le commentait Christophe Naegelen, qui sont
en contact direct avec le terrain. Ce double sentiment de
méfiance - défiance, même s’il n’est pas exprimé avec autant
de vigueur que les Gilets Jaunes semble être bien présent dans
l’esprit des élus qui fustigent le manque de reconnaissance et le
rôle souvent bloquant et à mille lieues des réalités du terrain
pratiqués par des administrations technocratiques, avec tout ce que
ce terme peut intégrer comme connotations négatives. Après tout
cela, entre autres, car la liste pourrait être beaucoup plus grande,
faut-il s’étonner de voir un soulèvement populaire comme celui
des Gilets Jaunes ! Du côté de la place de la mairie, le
groupe local, en attendant la grosse mobilisation de samedi,
l’actualité du jour a revêtu un caractère particulièrement
mignon sous la forme du dessin d’une fillette apportant son
soutien au titre évocateur : « Je suis avec vous les
gilets jeunes ». « C’est aussi pour eux que nous nous
battons » commentait Karine en montrant l’œuvre de la
fillette.