Le Peuple est en colère et le fait savoir avec force. Au sein de ce mouvement de révolte spontané et non structuré, les appréciations divergent cependant sur les actions à mener.
Comme tous les mouvements issus de la
base, l’unité est d’autant plus compliquée que les avis sont
quelques fois clairement divergents sur les actions à mener pour se
faire entendre. Hier à la manifestation de Remiremont, qui a
rassemblé entre 250 et 300 contestataires, l’initiateur du
rassemblement jouait le jeu démocratique avec une bonne foi totale.
« Je suis le Peuple » clamait-il haut et fort. Si la
foule a suivi le « guide » durant un bon moment en
l’accompagnant gentiment dans les rues du centre-ville, une simple
phrase a fait déraper les intentions pacifiques de cette marche.
« Nos enfants sont en train de se faire tabasser à Paris et
nous, on se promène ! ». Dès lors, la décision d’un
groupe de meneurs était prise pour durcir la manifestation :
« On va bloquer Intermarché ! ». Le cortège
s’ébranlait donc vers Béchamp. Sur place, une nouvelle décision
était prise : « On va bloquer la 4 voies ! ».
Un premier groupe se désolidarisait et rebroussait chemin. Pour les
autres, et malgré les négociations avec les forces de l’ordre, le
RN66 était investie, les voitures de police assurant autant que
faire se peut la sécurité, en complément de « Jeff »
ouvrant la voie sur sa moto. Arrivé à la sortie de Choisy, alors
qu’un bouchon monstrueux s’était bien évidemment formé
derrière les manifestants, le groupe se fissurait à nouveau,
certains préférant sortir immédiatement, tandis que le reste
poursuivait jusqu’à la sortie suivante avec l’objectif de
bloquer le rond-point de St Etienne.
A quand un casier
judiciaire vierge pour les élus ? Au Thillot se posent les
mêmes interrogations. Si les actions sont « cool » en
semaine, des éléments plus « durs » s’installent le
week-end et mettent à mal les intentions pacifiques affichées par
ceux qui sont présents tous les jours. Samedi en fin d’après-midi,
le groupe était conséquent et affichait clairement des intentions
plus tranchées. Ce matin, sous une pluie battante, le groupe
était nettement moins important, avant de passer à une trentaine
l’après-midi. La journée s’est déroulée dans le calme. Les
commentaires allaient bon train à propos des événements de Paris.
« On a vu sur internet des policiers habillés en gilet jaune
pour interpeller des manifestants » commentait l’un d’eux
avec colère « J’ai vu aussi des hommes habillés en civil,
bonnet sur la tête et visages masqués par des écharpes sortir de
fourgons de police pour rejoindre les rangs de casseurs. On cherche
clairement à discréditer le mouvement ! ». De son côté
Manu exprimait sa colère de façon différente : « Je
travaille dans la sécurité et on me demande de fournir tous les six
mois un extrait de casier judiciaire qui doit être vierge. Normal,
mais quand je vois ce ministre de l’intérieur dont tout le monde
sait qu’il a fricoté avec le grand banditisme il y a quelques
années ! » et d’ajouter « A quand l’obligation
pour les élus de justifier eux aussi d’un casier judiciaire
vierge ? ». Rendez-vous demain (lundi) à 9 heures.