« Y’en a marre qu’il nous
prenne pour des cons ! »
Le rassemblement des gilets jaunes a
donné lieu à des barrages filtrants un peu partout dans la commune.
Il était 8h45 ce samedi et il y avait
déjà un groupe conséquent sur la place du 8 Mai, noyée dans le
brouillard et le froid, sous le regard attentif des gendarmes. « Nous
sommes là pour assurer la sécurité de tous, et faire en sorte que
tout se passe bien » expliquait le major Hirn. La
boulangerie de la place arborait deux gilets jaunes en vitrine :
« Je veux montrer ma solidarité. Je ne suis pas sûr que ce
mouvement soit la meilleure façon de protester, mais il faut faire
quelque chose, se battre » confessait Vincent Remy, le boss de
la boulangerie. Parmi les premières au rendez-vous, Marquita
portait ostensiblement son panneau « On n’est pas des vaches
à lait ! » et commentait « Je me bats pour ma
retraite, mais aussi pour l’avenir de mes petits-enfants »
avant d’ajouter avec détermination « Qu’il s’en prenne
un peu aux « gros » ! ». Petit à petit, à
mesure que le soleil est parvenu à réchauffer l’atmosphère, le
groupe a grossi, prenant des dimensions « Jamais vues au
Thillot » témoignait Jean-Claude, l’un des manifestants. Le
temps pour Sam, l’un des membres du collectif, d’affirmer haut et
fort « On ne lâchera rien tant qu’on n’aura pas obtenu de
résultat. S’il faut se mobiliser demain et les autres jours, on le
fera ! ». Quelques discussions étaient vite conclues
quant à la stratégie à adopter et un premier groupe partait sur la
RN66 vers la station Colle, tandis qu’un autre prenait la direction
opposée pour bloquer la circulation du côté de l’Aldi, laissant
en route une troupe pour bloquer le carrefour de la rue de la Gare et
qu’une autre délégation se dirigeait vers le Prey. Dans le
courant de la matinée, ce mouvement populaire non structuré a
improvisé des mouvements et des blocages, toujours filtrant,
notamment pour les secours à personnes. Une manifestation au
caractère bon enfant qui a cependant connu quelques rares situations
tendues, lorsque des véhicules ont cherché à forcer le passage.
« La race des connards n’est pas prête de s’éteindre ! »
commentait une manifestante. D’autres rencontres ont été
nettement plus sympathiques comme celles avec des routiers qui, à
leur passage, ont salué les manifestants à grands coups de klaxon,
ou encore lorsque Jean-Marie, s’adressant à un automobiliste
Luxembourgeois, discutait du prix des carburants au Grand-Duché. Mais
si le prix des carburants constituait le point de mobilisation
officiel en cette journée, les slogans étaient beaucoup plus
vastes, témoignant d’un ras le bol de ceux qui sont victimes de
décisions prises au sommet de l’Etat. « C’est l’histoire
de la grenouille qui ne se rend pas compte qu’elle meure quand on
la plonge dans une casserole d’eau froide que l’on fait chauffer.
Par contre, si on la plonge directement dans l’eau bouillante… ».