« Adieu
la vie, adieu l’amour » ou 14-18 sous un autre angle
C’est
un angle de la guerre 14-18 nettement moins connu que les tranchées
ou les taxis de la Marne. Entre 1914 et 1918, plusieurs milliers de
condamnations à mort sont prononcées et 620 poilus sont exécutés
par l’armée française. En 1914, l’armée a tous les
pouvoirs. Des conseils de guerre spéciaux jugent sans possibilité
d’appel ou de recours en grâce. Les poilus, condamnés le plus
souvent pour "abandon de poste en présence de l’ennemi"
sont exécutés immédiatement. Tout au long de la guerre et
malgré l’abandon de cette justice d’exception en 1916, l’armée
française continuera à fusiller, particulièrement pendant les
mutineries de 1917 déclenchées par la troupe après le triste
épisode du "Chemin des Dames". Qui étaient ces
fusillés ? Qu’ont-ils fait pour mériter la honte et le déshonneur
? La Chanson de Craonne est connue pour avoir été entonnée par
les soldats qui se sont mutinés dans une cinquantaine de régiments
de l'armée française, notamment après l'offensive très meurtrière
et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des
Dames. Au cours des combats, les soldats français, partant de la
vallée de l'Aisne, devaient « monter sur le plateau » tenu par
l'armée allemande. La « grève des attaques » commence le 2 mai.
La répression touche quelque 30 000 mutins ou manifestants. 3 427
sont condamnés, dont 554 à mort et 57 sont exécutés. Le
général Nivelle est limogé le 15 mai, remplacé par le général
Pétain, nommé le 17 mai 1917 au poste de général en chef des
armées françaises. Il parvient à rétablir la discipline au sein
des régiments touchés par les mutineries, en alliant condamnations
exemplaires et mesures d'amélioration des conditions de vie des
soldats. « Adieu la vie, adieu l’amour », le titre
du film proposé ce soir à 20h00 par la médiathèque est en lien
direct avec cette Chanson de Craonne, dont le refrain est
celui-ci :