A l’heure où
les abeilles sont en grand danger, les placer au centre d’une fête
constitue un acte aussi militant qu’essentiel.
« En zone
de montagne, nous sommes nettement moins touchés que dans les
régions de production agricole intensive où les néonicotinoïdes,
qui prennent la forme d’une enveloppe entourant la graine qui va
être semée, fait des ravages. Si cette méthode permet de protéger
la plante des insectes, elle est également à l’origine de la
disparition de très nombreuses abeilles qui, après avoir absorbé
ce poison, perdent totalement le sens de l’orientation » :
le constat fait par Michel Filstroff, président du Syndicat des
Avolets de Rupt sur Moselle est sans ambiguïté. Au niveau national,
les pertes sont énormes.
Raison supplémentaire pour les
apiculteurs de prendre soin de leurs protégées. La fête de
l’abeille et de la diversité, 9ème du nom, qui a battu
son plein ce dernier dimanche, a permis au public de montrer toute
l’attention portée à cette indispensable butineuse par les 302
membres du syndicat des Avolets. Au fil des stands installés sur
place, les visiteurs ont ainsi pu découvrir les plantes mellifères,
mais aussi déguster et se sensibiliser aux saveurs des différents
miels, découvrir les nombreux produits dérivés du miel… Il
était également question des méthodes peu, voire pas du tout
respectueuses, pratiquées dans certains pays comme la Chine où le
miel est extrait avant qu’il soit déshumidifié et de nombreuses
abeilles massacrées lors de l’extraction industrielle du miel.
L’apiculture au centre de la biodiversité
Dans la miellerie,
on était dans le concret avec le passage en revue des différentes
opérations pour extraire le miel des cadres, le tout abondamment
commenté par les animateurs : « Savez-vous que les
abeilles injectent un peu de venin dans l’alvéole avant de la
refermer ? C’est un excellent conservateur ! On sait
également que ce venin est un remède efficace contre certaines
maladies neurodégénératives comme la sclérose en plaque, qui est
utilisé au Canada, mais pas en France… ». Autre commentaire,
concernant le miel de sapin : « C’est un miel très
spécial, car il est fabriqué par les abeilles à partir des…
excréments de pucerons ! ».
« C’est le seul
miel, avec celui de Corse, qui bénéficie d’une AOP –
Appellation d’Origine Protégée » commentait le président
Filstroff qui enchaînait : « L’apiculture est au centre
de la biodiversité. Le matin, au lever, mes premières
préoccupations concernent l’environnement des abeilles : y
a-t-il eu de la rosée, quelle est la température, quelles sont les
fleurs encore écloses… ». Autant de facteurs essentiels sur
lesquels le président, qui est aussi formateur pour le syndicat,
insiste à l’occasion des cours qu’il dispense, animé par
l’ambition de partager son savoir concernant un monde qui n’en
finit pas de le fasciner : « Dans une ruche, il y a entre
30 000 et 60 000 abeilles et tout est parfaitement
organisé. Imaginez seulement 30 humains à bord d’un même
bateau… ».