Jean-Claude
Schultz ou l’histoire d’une frustration sublimée
Comment une
contrariété de projet professionnel s’est transformée en passion
toute aussi dévorante que sublime.
« Il y a 60
ans - j’avais à l’époque 14 ans - Me voyant attiré par cette
locomotive - une 140.C.1 - le conducteur m’a invité à venir la
conduire. Je ne me suis pas fait prier pour accéder à ce que je
considère encore aujourd’hui comme un privilège! »
Jean-Claude Schultz raconte en se marrant cet épisode qui lui a
laissé un souvenir indélébile « J’ai su dès lors quelle
serait ma destinée : dans les traces de mon grand-père qui
était sous-chef du dépôt vapeur de Sarreguemines ». Mais
c’était sans compter sans l’interdiction des parents. Une
interdiction face à laquelle toute résistance est vaine…
Le
jeune garçon s’oriente donc vers des études toutes autres :
CAP mécanique maintenance frigoriste, brevet de Compagnon menuisier
ébéniste, technicien en électronique, tout en s’intéressant de
près au modélisme ferroviaire et naval, ajoutant à tout cela un
grand intérêt pour l’informatique.
Devenu adulte, Jean
Claude Schultz saura conjuguer passion et compétences pour mettre un
terme à cette frustration qui l’a vue se détourner d’une
carrière au sein de la SNCF.
« Une fois à la retraite,
j’ai eu l’occasion de rendre visite à un vaporiste qui m’a
refilé le virus de la construction de locomotive à vapeur vive »
raconte Jean-Claude Schultz avec le sourire « C’est comme ça
que tout a commencé ! ».
Une passion
particulièrement chronophage puisque son premier défi lui prendra
5600 heures ! « Il en reste une centaine pour finir »
ajoute-t-il. Sans compter les heures passées à transformer les
machines qui équipent désormais son atelier et qui lui permettent
toutes les fantaisies. Une première locomotive qui a une dimension
affective toute particulière, puisque son choix s’est porté sur
une « 141R », dernière locomotive à vapeur ayant
sillonné la France et dont le dernier modèle a terminé sa
carrière à… Sarreguemines.
Exposition à
venir à la médiathèque
Une superbe machine à l’échelle
1/7ème avec tout ce qu’il faut pour reproduire à la
perfection l’illustre original, notamment un foyer à combustion
pour chauffer l’eau et faire en sorte que la vapeur produite
entraine les roues du mastodonte. Et Jean-Claude de pointer du doigt
un réservoir « Qui contenait le stock de sable qui était
projeté vers les roues lors de la circulation sur neige »
détaille-t-il.
Dans le garage où il faut savoir se faire
petit afin de se faufiler pour accéder aux œuvres de ce bricoleur
de génie, on peut encore entrevoir différents wagons, dont un
spectaculaire : un bi-foudre dont les contenus originaux ont été
détournés puisqu’ils contiennent du whisky dans l’un et de la
vodka dans l’autre. « Cela fait plus de 3 ans que ces alcools
sont dans les tonneaux » se marre Jean-Claude « Ils ne
devraient pas être mauvais quand on les consommera ! ».
Autre
pièce maîtresse de cette collection qu’il a débutée au décès
de son épouse Brigitte en 2015 : une réplique (toujours au
1/7ème) de la « E44 », locomotive électrique
construite à 182 exemplaires en Allemagne entre 1931 et 1945. Là
encore, il s’agit d’un « monstre » qui a obligé
Jean-Claude a s’équiper d’un palan… Bourrée de fils
électriques acheminant 3 tensions différentes, de tuyaux destinés
à envoyer l’air compressé et d’électronique : un bijou de
technologie !
Ces superbes maquettes seront exposées à la
médiathèque, avec d’autres modèles de la « Confrérie des
Amateurs de Vapeur », dans le cadre de l’exposition « Trains
d’hier » qui se tiendra du 4 avril au 5 mai prochains.
Vers une exposition permanente ?
Ces bijoux de maquettes,
Jean-Claude Schlutz cherche actuellement à s’en séparer, tout en
les pérennisant. Après avoir entendu sa fille qui ne souhaite pas
prendre le relais, Jean-Claude s’est mis en quête d’une autre
issue. C’est ainsi que des discussions sont en cours avec
l’association « Myne et Rails » et la commune afin de
négocier un don. Et il est question d’un projet qui permettrait de
mettre en place une exposition permanente dans l’ancienne halle de
la gare, juste à côté du musée des Hautes Mynes… A suivre…